Résistance, Shoah et déportations en Seine-Saint-Denis
Si le camp de Drancy évoque aux anciennes générations les persécutions et atrocités commises envers la population juive sous le gouvernement de Vichy, combien de citoyens connaissent, aujourd’hui, cette histoire ? Et plus précisément, combien savent que ce camp d’internement a fonctionné dans une des premières cités modernes construites en banlieue parisienne, la cité de la Muette ? Ce bâtiment a surmonté l'épreuve du temps et a été inscrit au titre des monuments historiques en 2001. Face à lui, le Mémorial de la Shoah a inauguré, en 2012, un musée qui explique le rôle de ce camp dans l’histoire de Shoah.
Mais comment comprendre les raisons qui ont poussé l’armée allemande à choisir cette cité moderne comme dernière étape du parcours de déportation des Juifs de France sans comprendre son positionnement géographique stratégique à proximité du réseau de chemins de fer ?
Longtemps connues des familles des victimes, les gares du Bourget-Drancy et de Bobigny ont failli disparaitre de la mémoire nationale. Or, ces sites représentent les derniers liens avec la France pour la plupart des personnes juives forcées à embarquer dans les wagons de marchandise en direction des centres de mise à mort du Reich. Aujourd’hui, le Mémorial de l’ancienne gare de déportation de Bobigny offre la possibilité de mieux comprendre cette étape de la persécution rendant tangible au grand public le vécu de dizaines des milliers de personnes.
Mais la Shoah n’a pas été la seule à laisser des traces dans le territoire de la Seine-Saint-Denis. Lors de la Seconde Guerre mondiale des mouvements et des réseaux de résistance se sont constitués pour faire face à l’occupation allemande et au gouvernement de Vichy. Les personnes qui se sont engagées ont affronté une dure répression marquée par l’internement, les exécutions et la déportation.
Dans la commune des Lilas, le fort de Romainville a été transformé en camp d’internement des résistants et, notamment, des femmes résistantes. Sur les murs d’une de ses casemates des graffitis conservés attestent le vécu de celles et ceux qu’y ont été internés. Pas loin du fort, à Pantin, le quai aux bestiaux a servi de point de départ de 4 convois de déportation de résistants, dont le plus grand parti le 15 août 1944 avec 2 216 personnes. Prochainement, le Mémorial national des femmes en résistance et en déportation au fort de Romainville et le Mémorial du quai au bestiaux, tous deux en préfigurations, offriront la possibilité au grand public de mieux comprendre cette histoire.
Ces patrimoines historiques préservés constituent des outils majeurs pour transmettre cette histoire aux nouvelles générations. Ce site internet en détaille l’histoire.
La cité de la Muette à Drancy fut réquisitionnée en 1941 par les nazis pour en faire le principal camp d’internement et de transit des Juifs de France.
Principale gare de déportation des Juifs de France vers Auschwitz-Birkenau entre mars 1942 et juin 1943. Au total, 40 450 ont été déportées depuis cette gare.
De juillet 1943 et jusqu’à l’été 1944, le principal lieu de départ de la déportation des Juifs de France. Au total, 22 500 ont été déportées depuis cette gare.
Réquisitionné par les forces d’occupation allemande en 1940, il est transformé en camp d’internement puis de transit pour les personnes résistantes et victimes de la répression.
En 1944, il sert au départ de 4 convois de déportation liés à la politique de répression, dont l’ultime convoi parti de France le 15 août 1944. Au total, 3 250 personnes ont été déportées depuis ce quai.
Utilisé pendant la guerre comme camp des ressortissants étrangers “des puissances ennemies du Reich”. Plus de 2000 hommes y furent internés durant toute la période de l’occupation allemande.
Point stratégique pendant toute la guerre, il est victime de bombardements par les deux camps ennemis. Il sert au rapatriement des prisonniers et déportés au printemps 1945.